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LOVECRAFT GENERATOR

Hors de

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Cet après-midi, rentré du taf un peu plus tà´t. Découvert le cahier qui me sert de journal sur mon bureau. L’avais planqué comme chaque fois parmi la pile de chemises cartonnées pour l’administratif. Comme malheureusement le seul à m’en occuper dans cette baraque. Le seul màªme à s’en soucier !
Le tiendrai désormais ici, directement sur l’ordi portable fourni par ma boîte. Avant qu’elle trouve le mot de passe... Certain que c’est elle. Impossible qu’elle soit tombée dessus par hasard. Elle cherche quoi ? En tout cas, n’a pas dà » àªtre déà§ue à la lecture.
Se préparer à l’effet boomerang, ou retour en pleine gueule.
Les gosses ? Depuis le temps qu’ils vivent dans leur bulle. Les imagine mal faire preuve de la moindre curiosité envers moi.

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Engueulade ridicule, comme toujours. Encore une fois parce que la porte du sous-sol laissée ouverte. Pénible, le chat en profite pour aller pisser dans le sable. Longtemps que renoncé à y conserver des légumes, mais l’odeur... Impossible dans cette barque d’obtenir qu’on ferme les portes. à€ part celles de leurs chambres.

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Personne ne fait attention à rien dans cette maison. Marre de devoir passer derrière chacun, toujours tout vérifier. L’envie parfois de me barrer sans prévenir. Pour aller où ? On verrait bien... Pourtant pas bien compliqué de refermer la porte de communication entre l’entrée et le garage. Les mà´mes sans doute. R. laisse toujours sa Mini dans la cour. Rentrent leur scooter et filent dans leur piaule sans faire gaffe à quoi que ce soit. Pendant ce temps-là , tout le rez-de-chaussée qui se refroidit. Bonjour la facture de gaz !

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Constaté hier midi que les lumières du sous-sol étaient allumées. J’ai beau gueuler, rien n’y fait. Autant parler à des murs. Je crains màªme que ce ne soit l’effet inverse que j’obtienne. R. prend des airs pincés de grande dame au moindre reproche. à” joie de la vie de couple et de la paternité... Ne sais trop ce qui me retient.

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Crois avoir compris pourquoi tant de négligence avec la porte et les lumières du sous-sol : aux bouteilles qu’ils en ont ! Une nette préférence pour le blanc d’après ce que j’ai pu constater. Quasi liquidé mes réserves... Quant à savoir qui des trois ?

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Inutile d’envenimer les choses, déjà assez de tensions comme à§a dans la baraque. L’admettre une fois pour toutes : on n’est pas toujours maître chez soi... Tant bien que mal, vivre sa vie. à€ quoi parfois on se trouve réduit !

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Un jour sans prévenir, laisser la clé sous la porte. Sans doute ce que j’aurais de mieux à faire. En ai jamais autant ressenti l’envie. Et la nécessité. Tenir bon. Aller gagner la thune qu’ils claquent allègrement. Ramener de quoi remplir le frigo. Payer les factures. Fermer les portes derrière eux ! Et éteindre les lumières...

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L’impression que de plus en plus de descentes au sous-sol. J’hésite à rentrer de nouveau du vin. Au train où à§a va, il/elles (?) aura(ont) bientà´t le foie comme une pastèque. Quelle soif ! Pas étonnant que tout ce petit monde se réfugie dans sa chambre. Pour cuver ou faire semblant de ne s’apercevoir de rien. Misère !

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Tenir bon. Les descentes à la cave semblent s’àªtre calmées. Et les deux gosses partent la semaine prochaine pour un séjour linguistique. M’aura coà »té un beau paquet d’heures sup leur guignolade chez les rosbeefs ! Pas sà »r de m’apercevoir de leur absence. Combien de phrases échangées avec eux en une semaine ? Doivent se compter sur les doigts d’une main.

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Pas besoin d’avoir fait Polytechnique pour comprendre : retrouve quotidiennement la porte du sous-sol ouverte depuis le départ des gosses. C’est donc elle qui siffle les boutanches. à‰tonnant cette faà§on qu’elle a de me faire signe. Comme si elle avait besoin de savoir que j’étais au courant. Un vrai truc de tordu. En tout cas, chapeau bas : màªme en soirée, impossible d’imaginer qu’elle a sifflé plusieurs litrons depuis le matin. Longtemps que je serais crevé à ce régime-là . Pas faux que les femmes sont plus résistantes qu’on croit. Toutes ces légendes sur la douleur, les femmes à l’accouchement, les nourrissons faisant leurs dents... Et pour nous, les mà¢les adultes ?... Hors douleur de toute éternité !

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Failli ne pas rentrer hier. à‡a m’a pris en sortant du boulot. L’impression qu’il serait impossible de franchir la porte de la maison. Tout à§a me pèse. Cette sensation d’àªtre un étranger chez soi. Me suis raisonné en pensant qu’elle devait s’absenter elle aussi la semaine prochaine. Soi disant pour aller randonner avec une copine de son club de gym ! Et sur les chemins douaniers en plus ! D’ici à ce qu’on la retrouve en bas d’une falaise. Avec tout ce qu’elle avale... à€ moins qu’une tentative d’arràªter ?

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Seul ! Enfin seul !... Seule ombre au tableau, avoir retrouvé la porte du sous-sol ouverte, ce matin. Me semblait pourtant bien l’avoir refermée hier soir. à‰tais descendu chercher un Pomerol, histoire de fàªter ma tranquillité retrouvée. à€ moins que je ne l’aie ouverte par dérision. Avais un coup dans le nez en montant me coucher. Qu’importe ! Puisque seul et peinard...

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Encore et toujours cette porte ouverte. Cette fois je suis bien sà »r qu’elle était fermée quand je suis parti au boulot. Elle ne serait donc pas partie en Bretagne ?
Reviendrait picoler en cachette ? Stop ! Cette foutue tendance à me faire des films dès que seul...

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Ai beau me répéter de ne pas faire une fixation sur cette porte... Changerai demain la poignée. La màªme depuis la construction de la maison. Vingt ans l’an prochain. Et pas terrible le bois de la porte. Travaille sà »rement avec les variations de température et d’humidité.

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Poignée changée mais rien n’y fait. Suis descendu plusieurs fois au sous-sol, sans rien constater d’anormal. Mais cette porte sans cesse ouverte !...

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Cette fois, les choses se précisent. Ai réussi à prendre en photo les empreintes de pas laissées dans l’escalier. Clichés pas terribles à cause de l’éclairage néon, et flash assez foireux du petit appareil numérique – me demande bien pourquoi je lui ai laissé emmener le gros pour sa randonnée ! D’ici à ce qu’elle me le ramène en vrac...

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Idem pour la porte. Et encore des empreintes : cette fois dans l’escalier qui mène à l’étage. Les màªmes, à§a j’en mettrais ma main à couper.
Elle m’a appelé hier soir. Ne lui ai rien dit de ce qui se passe ici. M’aurait traité de dingue à coup sà »r...

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Posé trois jours de RTT. Besoin de faire un break. Ne suis pas rentré. Dors ce soir à l’hà´tel.
Ne serai pas à la maison quand elle rentrera. La gueule qu’elle va tirer ! Lui ai juste laissé un mot. Qu’elle se charge samedi d’accueillir les gosses à leur retour d’Angleterre. Pour une fois qu’elle se rendra utile...

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R a laissé trois ou quatre messages sur mon portable. Paniquée ! Veux à tout prix savoir où je suis. Et avec qui ? Ne lui répondrai pas. Quelle pitié que cet imaginaire de vaudeville !

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Fou comme elle s’acharne à me relancer ! Bien l’impression qu’elle ne comprenne pas la gravité de ce qui se passe à la maison. Lui ai seulement envoyé un texto : qu’elle vende la baraque pendant qu’il en est encore temps. N’ai pas évoqué mes soupà§ons quant à son penchant pour la bouteille. La pauvre y comprendrait quoi ? à€ part encore une fois me traiter de parano...

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Elle et les gosses m’accablent de messages et de textos. Il semblerait bien qu’ils ne veulent rien entendre. Espèrent toujours mon retour. Comme s ?il était possible !

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Des portes qu ?on retrouve mystérieusement ouvertes ou fermées – exciter la terreur.
H. P. Lovecraft, The Commonplace Book, note 17.

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