bienvenue dans l’atelier
Habiter, pour une semaine, un village presque désert, l’avoir constaté déjà en consultant Google street, ne demeurent plus qu’un bar, une boulangerie et un garage, la propriétaire du gîte, à ton arrivée nous parle du passé, de l’activité d’autrefois, des seules cloches de l’église qui aujourd’hui témoignent d’un peu de vie, de la pièce où on se trouve, demande si on[...]
se réjouir de l’embellie, l’avoir parfois attendue — pas pour rien que découvert le mot à la lecture de Julien Gracq, à son étude — toujours chez lui accompagné d’italiques, comme lumière rasante de Loire —, découvert non pas le mot, mais avoir alors compris, ou plutôt approché, les enjeux, ou l’impact, l’écho qu’en soi trouvait l’embellie —, sans doute l’embellie[...]
Li Chang-yin était né en Chine deux cents avant Sei Shà´nagon. Il mourut vers 858 à Tcheng-tcheou. Les livres de Li Chang-yin étaient des additions de listes-collections : « Choses qui font naître un sentiment de tristesse », « Choses qui ne s’accordent pas », « Choses de mauvais augure » ou « Choses illogiques ». (...) Le Yi-chan tsa-ts’ouan de Li Chang-yin a été[...]
Puis tentez, comme si vous étiez le premier homme, de dire ce que vous voyez, ce que vous vivez, ce que vous aimez, et ce que vous perdez. N’écrivez pas de poèmes d’amour ; fuyez pour commencer les formes qui sont trop courantes, trop ordinaires : ce sont les plus difficiles, car il faut une grande force, parvenue à maturité, pour donner quelque chose qui[...]
images qui resurgissent, c’est parfois au détour d’une lecture, parfois au travail, en train de faire émerger le sens d’un texte, ce qui le sous-tend, le porte, avoir besoin de trouver un exemple, et c’est en soi qu’on puise, mémoire des textes ou de ses propres jours on ne sait pas toujours, c’est dans le flux de la parole, dans la présence au groupe, à[...]
apercevoir sur le trottoir, posé en évidence sur le dessus d’une poubelle, un carton avec dedans deux poupées à grosses tàªtes rondes
s’interrompre dans son travail parce que le téléphone sonne, descendre au rez-de-chaussée, avec appréhension, voire pointe d’angoisse — parce que laisser sonner si aucune incertitude ou inquiétude quant aux proches, mais c’est devenu si rare — décrocher et subir un temps de silence ou de brouhaha — le second est préférable, il n’est gros de rien — puis la voix qui[...]
se rendre dans le magasin d’une coopérative agricole en quête de bois d’allumage pour la cheminée, chercher au petit bonheur, passer par le rayon des aliments pour volailles, sacs de cinquante kilos posés sur palettes, retrouver l’odeur des granulés à lapins, la même que gosse, quand soulever le couvercle métal d’une lessiveuse et plonger une vieille boîte de[...]
ne pas se souvenir d’un rêve, n’en garder qu’une impression vague, savoir qu’il irradie l’humeur du jour, colore celui-ci, en attraper moins qu’une image, penser à la Recherche, se résoudre à ce qu’ici, effort et volonté n’auront pas prise, s’inquiéter de ce qui se dérobe, de ce qu’il y avait là et qu’on ignorera sans doute à jamais, de ce qu’on aurait pu saisir,[...]
apercevoir, en quittant le travail, ou depuis l’une des fenêtres du lycée, l’employé municipal et son gilet fluo, circulant tant bien que mal entre les élèves amassés là , contournant les épaules, de tout son corps s’excusant d’être là , un sac plastique transparent d’une main, de l’autre attrapant avec une pince à long manche canettes, bouteilles, paquets de chips,[...]