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LOVECRAFT GENERATOR

essai de transcription d’images vidéo

Pas évident de transcrire des images vidéo. Je vais essayer, parce qu’il me semble impossible de garder le silence. Ils ont été plusieurs à filmer la scène avec leurs téléphones portables. Le buzz assuré sur les réseaux sociaux. On est dans un parking souterrain. Parking République. La ville, peu importe. Partout les màªmes infrastructures. En fond sonore, un martèlement étouffé de basses. On imagine une boîte proche du parking. Au beau milieu d’une des voies de circulation, un type qui marche, l’air égaré. Une voiture le klaxonne, il s’écarte. Des rires qui fusent par les vitres ouvertes. Zoom sur le visage : du sang coagulé descendu du haut du crà¢ne. Yeux vitreux d’un qui se réveille ou sous produit. Toute cette tension dans les traits. Sur une autre vidéo, on voit le type en train de lire l’écran publicitaire accroché à un pilier. Comme si quelque chose d’essentiel se trouvait dans les mots et images qui se déroulent. Rien de plus que les grandes enseignes présentes dans la ville. Celle-ci comme d’autres. Pupilles en haut, il réfléchit. Un autre l’a filmé accroupi près d’un pilier, bras croisés, tremblant de froid. Il ne porte qu’un t-shirt. En grossissant l’image, on parvient à découvrir ce qui figure en haut à gauche, à hauteur de la poitrine : Arène Club, avec pour logo un rétiaire stylisé. Peut-àªtre la boîte dont entend les basses étouffées sur chaque bout de vidéo. Des traces de sang sur son jean. L’idée m’est venue qu’il s’était battu dans la boîte, s’était réfugié dans le parking pour échapper à ceux avec qui il s’était embrouillé. Je croyais comprendre. Un coup à la tàªte. Son air égaré. à€ moins qu’il ne s’agisse d’un type qui squatte dans le parking. Ou fauche dans les bagnoles. Ou les deux. On le voit à un moment essayer d’ouvrir plusieurs portières, sans succès. Il voulait peut-àªtre y dormir. Sans doute à§a qui a plu sur les réseaux sociaux, l’énigme que constitue son comportement. Et son air paumé. Désespéré aussi. Je pense à l’extrait où on le voit entouré de trois mecs et une jeune femme en train de le filmer, et lui qui s’adresse à eux tour à tour, gueulant « Mais où je suis ? Où ? ». Et l’image qui saute et s’interrompt du coup vers le téléphone, dont on ne perà§oit que l’amorce. Le moment le plus dérangeant, celui qui a déclenché l’engouement, màªlé d’un peu de désapprobation, c’est quand on le voit de dos poursuivi par deux mecs en noir, sapé comme des vigiles. Il court entre les bagnoles en stationnement. Un des deux vigiles le vise avec une arme. J’ai pu l’identifier, ils sont nombreux à en proposer la vente sur le web. Un pistolet Gomm-Cogne. Le type chancelle, porte la main à sa cuisse. Sur une autre vidéo, on voit un quatre-quatre noir débouler et s’arràªter dans un crissement de pneus, coupant la retraite du gars. Qui retire son t-shirt et le balance sous une voiture. Puis tente de s’enfuir en grimpant sur un capot. On entend une nouvelle détonation. Sur les dernières images, qui depuis ont été retirées de You Tube, mais que j’avais pris soin de télécharger, on voit le gars qui se débat tiré par les mecs en noir vers l’arrière du quatre-quatre. On aperà§oit son visage en sang, l ?œil droit touché par le dernier tir. Les vigiles le jettent dans le coffre, avant de refermer les portes. Le plan final s’attarde sur la roue de secours du véhicule, protégée par une housse noire : sous le rétiaire stylisé de l’Arène Club, l’adresse de la boîte, au 5 place de la République.

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Un homme amnésique dans un environnement étrange, qu ?on comprend imparfaitement. La peur de retrouver la mémoire – un flash...
H. P. Lovecraft, The Commonplace Book, note 215.

LOVECRAFT GENERATOR, le projet
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