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micro-fictions

départ

J’avais raté mon train de peu : la longue queue aux guichets m’avait rabattu vers les distributeurs automatiques, pour mon plus grand malheur. J’ai eu beau essayer à plusieurs reprises, suivre les instructions de l’écran avec docilité, tenter de rester calme suite aux échecs répétés, tous mes efforts ont été vains. Je ne passerais pas le week-end du premier mai sur la côte, comme prévu. Le prochain train pour Nantes partait le lendemain en milieu de matinée, à§a faisait vraiment trop court. J’appellerais S. tout à l’heure, une fois rentré chez moi. Elle m’en voudrait sans doute. Une telle imprévoyance était impardonnable. Je suis sorti de la gare. J’ai regardé tour à tour les taxis stationnés à la file, le circulation sur le boulevard Joffre, les bars et les hôtels de l’autre côté de la place. J’allais faire quoi ici, seul pendant trois jours ? Pas la première fois que me prenait l’envie de fuir cette ville où je n’avais aucune attache. Seules des raisons professionnelles m’y faisaient rester. Et la force de l’habitude. Quinze ans que j’étais arrivé ici au gré d’une mutation, convaincu de ne pas rester. Souvent j’avais souhaité partir, mais pour aller où ? Pas sà »r qu’ailleurs ce soit si différent. Une femme, sans doute en retard, m’a heurté avec sa valise à roulettes. Insupportable raclement du roulis sur le bitume. Je me suis dirigé vers la place, le genou gauche un peu douloureux. J’avais soif. En passant près des grilles derrière lesquelles stationnaient des voitures de location, l’idée m’a traversé d’en louer une. En roulant bien, j’aurais pu arriver avant minuit. Il suffirait de prévenir S. de mon retard. Un jeune type, précédé d’un chien, s’avançait vers moi, un duvet posé sur l’épaule. Nos regards se sont croisés. Son chien m’a vaguement reniflé, puis ils ont continué leur chemin. Et moi de même, habité par l’intuition vague d’avoir compris.

la vidéo du texte en train de s’écrire, comme ici et là 

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