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notes de chevet

jardin intime

remuer la terre, c’est rituel de printemps, qu’un peu de nourriture naisse de tes gestes, et qu’en retour tes gestes aussi te nourrissent, suivre le rythme de la machine, fraises d’acier qui s’enfoncent au sol, veiller à effacer les traces de tes pas — c’est comme laisser page nette — être sensible à l’odeur de la terre remuée, et à la chaleur qui s’y accumulent — quelque temps plus tard, châssis de verre levé, enfoncer la main dans la terre, ce qui là s’est accumulé, et si seulement avoir appris à soi y puiser l’énergie nécessaire — réaliser quelques jours pus tard, au détour d’une conversation — savent-ils toujours combien ils sont précieux ceux qui ainsi éveillent à soi ? — réaliser que pour la première fois depuis sept ans ne pas avoir défoncé la terre, en lents passages latéraux et transversaux l’avoir émiettée, sans que naisse conversation intime avec l’ombre de ton père, ce long remuement tandis que le corps occupé du poids de la machine et de ses vibrations, phrases échangées dans le geste partagé — et au moment de planter, en main houe primitive au manche court qu’il appelait tranche, garder en mémoire la phrase prononcée au moment du cadeau — il y aura eu un couteau à sept ans et cet outil quand la maison achetée il y a quinze ans — comme ça tu penseras au bonhomme en repiquant tes salades

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