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au fil des jours

météo

météo, moment clé des fins de repas, suspens tandis que la table se débarrasse où que la vaisselle commence, gestes suspendus, silence imposé à chacun pour écouter la prédiction du jour — à rebours la météo quitte la prédiction pour offrir du mythe : être né le lendemain d’une tempête de neige, Paris bloqué, à§a vaut-y pas l’îlot battu par la tempête atlantique ? — ou offrir reflet d’un monde en construction, celui dans lequel on sera appelé à vivre, reflet de ses villes et de sa misère, monde en mouvement : j’ignorais avoir été contemporain, même brièvement, de trains à vapeur, les régiments portent encore nom d’anciennes colonies, traces encore du provisoire de l’après-guerre, les banlieues grandissent et les sports d’hiver déboulent, on se chauffe au charbon et les pauvres ne sont pas encore des précaires mais des économiquement faibles — ça change quoi ce glissement de la faiblesse économique à la fragilité doublée d’instabilité, ça induit quoi ? — et les chômeurs qu’on met au boulot (on a arrêté quand ce genre de pratiques ?)
et ces chevaux morts qu’on descend d’un bateau, image offerte

Du 10 au 20 janvier 1966, se produit une courte mais intense vague de froid. Il commence à neiger de la Normandie à l ?Alsace, dans la nuit du 10 au 11 janvier, et ces chutes de neige surprennent par leur abondance car il tombe une bonne vingtaine de centimètres en Région Parisienne alors que les bulletins météo (diffusés principalement à la radio) n ?avaient annoncé que quelques centimètres. Ainsi, Paris se laisse surprendre, et les rues ne sont déblayées que très lentement. La persistance du froid complique la situation jugée plus difficile qu ?en mars 1946 où l ?on avait réussi à mobiliser 8000 hommes (contre 3500 en 1966 en raison d ?un taux de chà´mage très bas). L ?armée est donc appelée à la rescousse et 1000 hommes de troupe entreprennent de casser la glace. Au matin du 11 janvier, les autobus ne circulent qu ?à partir de 8h (au lieu de 5h30) et le trafic ne reprend que très lentement. Les trains de banlieue accusent également des retards considérables et la gare St-Lazare enregistre une affluence record de voyageurs. Il faut dire que cette gare est la plus fréquentée de France car nous sommes au début de l ?expansion des « banlieues dortoirs » où des centaines de milliers de travailleurs font quotidiennement le voyage vers Paris. D ?autre part, au moment où les grandes électrifications permettent d’amorcer la modernisation progressive du réseau ferré, les journaux signalent que les trains à vapeur encore présent ont davantage de difficulté à circuler par cette neige. Dans le Val-D ?Oise (faisant encore partie de la Seine-et-Oise), 200 automobilistes sont débloqués par le 1er régiment du Tchad après avoir passé plus de 2 jours dans leurs véhicules très peu chauffés ! La couche de neige atteint parfois 1 m, et certains villages (comme Magny-en-Vexin) restent isolés pendant près d ?une semaine. Cette neige très abondante fait le bonheur des skieurs, jusque dans les rues de la capitale, même si l ?on skie plus volontiers dans les parcs ou par exemple sur les pentes du mont d ?Avron, à Neuilly-sur-Marne (93) où commencent à fleurir les barres de HLM (comme ce fut le cas à Sarcelles 5 ans plus tôt). A Paris, les 750 élèves de l ?annexe du lycée mixte Lamartine (dans le 18eme arrondissement) décident de faire grève car dans ces baraquements en préfabriqué datant de l ?après-guerre, les classes sont à peine chauffées (la température atteint parfois péniblement 0°C !). C ?est d ?ailleurs dans cette ambiance déjà très montagnarde que 115 classes de neige partent sur les pistes (une pratique devenue de plus en plus fréquente dans les années 60).
Alors que le froid et la neige font souvent la joie des jeunes (quelles que soient les époques), les premières victimes de l ?hiver sont les personnes à¢gées dont les difficultés sont largement abordées par la presse. En 1966, on compte 750 000 économiquement faibles (qui ne vivent qu ?avec 5F20 par jour) et auxquels une attribution supplémentaire de 50 kg de charbon est décidé au cours de cette vague de froid. Au fil des jours, c ?est quasiment toute la France qui se trouve recouverte de neige, et le froid devient très rigoureux. Les canaux du Nord commencent à geler et les fleuves (comme la Seine) rejettent des glaçons. Le thermomètre affiche jusqu ?à -31° dans le Jura, -19° à Auxerre, -18° à Lyon et -17° en proche banlieue de Paris. A Neuilly, le gel fait sauter des conduites d ?eau, et les habitants sont alimentés par des camions-citernes. Les régions du Sud ne sont pas épargnées et à Marseille, 20 chevaux sont retrouvés morts de froid sur un cargo après avoir traversé la Méditerranée.

© météo-paris.com

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