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notes de chevet

jeux du matin

évoquer avec les enfants les jeux du matin, quand, eux encore petits, venaient se glisser dans le lit — c’est un soir de coucher tôt, d’après grippe et de paresse pour lire —, faire l’inventaire des personnages, au nombre desquels un ogre, son fils, une taupe, un chasseur maniaque du déguisement, se souvenir des douches de ketchup et mayonnaise avant la dévoration de certains, tenter de retrouver la voix du fils de l’ogre — il zézayait beaucoup —, c’est flot de mémoire et de fiction, de temps partagé, buter en revanche sur les chansons, rituelles elles aussi, mais enfouies où personne ne sait les retrouver, à peine quelques amorces de paroles, pas même une mélodie, il aurait fallu les noter sans doute, ou pas — c’est sans doute mieux ainsi, non pas que quelconque peur du ridicule, tout ici était pureté et élan spontané, mais si on veut qu’ils passent à autre chose, eux qui parviennent au seuil s’approchent résolument de la porte, eux qui ne sont pas comme moi à plus que moitié du gué, nécessaire qu’ils sentent un peu de la nuit, de l’oubli à gueule ouverte — il se repaît de tout celui-ci, même des comptines absurdes et faites maison —, qu’ils emplissent leurs poches d’autres récits, s’y confrontent solitaires et viennent en parler dans le bureau ou ailleurs — et les espérer un peu plus forts d’avoir appris la fiction en proximité des corps et voix multiples — et avoir grande nostalgie de ce cheminement pour rire à peine sortis de la nuit — c’est aussi là qu’il faut puiser

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