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au fil des jours

carnet d’itinérant 3

12 juillet 2011

Ancenis - Indre (via Nantes)

Ancenis, drapeau breton au bout du pont ; de l’autre cà´té, Liré et sa douceur angevine ; d’ailleurs statue de du Bellay, l’air sombre à regarder la Loire ; pas l’air spécialement ravi d’àªtre rentré au pays

cheminer entre la voie ferrée sur la droite, surélevée, et la Loire sur la gauche, après petit muret de pierre et dénivelé, aulnes, saules, marguerites et digitales ; escalier jusqu’à la roche là -haut ; impression de cheminer dans un couloir, les échappées que représentent les tunnels sncf pour passer sous les voies ; ouvrages de béton des gares et des aménagements à flanc de roche ; on pourrait peut-àªtre vivre là 

espaces ouverts des anciens ports ; ces anneaux que peignent encore les agents sncf, bons gros anneaux solides qui ne servent plus à rien

s’arràªter déjeuner dans un restau à Mauves sur Loire parce que trop tard pour les courses ; au bout du pont métallique, auberge nommée des bords de Loire ; ne pas s’installer dans la partie brasserie, là où tous les clients, mais dans la salle déserte de la partie restaurant ; non pas soudaine promotion sociale mais cyclistes crottés de la boue des chemins, et pas la tenue qui vous transforme en abeille profilée, collants gants noirs et casque vissé sur la tàªte ; la serveuse nous rassure tout de suite : "je vous ferai quand màªme le menu du jour" ; salle où un renard empaillé sur la cheminée, expo photo, inévitables gros plans de lianes en quàªte d’abstraction, portraits de chien retouché photoshop, et sur un pan de mur, entre deux fenàªtres, l’un de ces posters papier peint figurant un sous-bois

la grande ville s’annonce par ces maraîchers ; champs de muguet ; mà¢che encore minuscule qui démarre abritée sous filets ; terre chargée de sable, alignements verts

la grande ville s’annonce par ses parcours santé et ses joggers

Loire élargie, plus de ces bras qui la dispersent

nomades sédentarisés dans des mobil-homes, des chalets de bois ; empilements de ferraille, de vàªtements, chiffonniers d’aujourd’hui ; adolescent aux cheveux bruns ramenés en arrière, aller retour sur une mini moto ; à son copain sur un scooter, qu’il est passé là à fond, dans une chicane pour ralentir les deux roues, et qu’il a frà´lé la mort

bateaux, casiers de pàªcheurs ; ce n’est plus tout à fait la Loire des terres

Nantes, rond-point, boulevard, plan qui s’annonce à échelle variable (heureusement toute reproduction en est interdite) ; se dire qu’on ne dormira pas là , camping près du campus (là que logent les étudiants sans thunes), cerné de rocades ; pousser plus loin, traverser la ville ; Loire proprette, aménagements gris ardoise tout au long ; enchaînement de ponts, immeubles en construction, grues ; l’impression d’un vaste chantier ; guère de place là -dedans pour des vélos, surtout avec des mà´mes grimpés dessus

trois mats d’un cà´té, bateau de guerre de l’autre, canons pointés vers qui ?

gare maritime, buveurs de bière assis sur les bancs, camions de travelers qui ne redémarreront plus, chiens, dans un virage un car qui sert d’habitation

continuer, grues des docks, silos, immenses ensembles béton, poids lourds qui s’enchaînent, pont haut, très haut, Loire large, Loire grise, temps incertain et venteux, volée de pigeons près des silos

continuer, retrouver le vert, fatigue, pas de camping avant Paimboeuf, le Net l’avait dit avant le départ, un passant le confirme en consultant son téléphone portable, mais que là on peut camper, que souvent ici, et màªme un point d’eau

table et bancs de bois, et màªme des fils à linge pour les riverains ; s’installer en faisant sécher les fringues humides depuis l’orage de la nuit précédente (la tàªte que fera un conducteur de camping car, la soixantaine, inévitable short bleu et chemisette blanche sortie dessus le short, tournicote autour de son engin, hésite, puis s’installe quand màªme ; le nomadisme à cycles fait moins peur

retarder le moment où installer les tentes, souvenir de réveil par la gendarmerie nationale ; rassurés quand un gars s’amène à vélo, la cinquantaine, chemise à carreaux et bleu de travail ; dans le cageot en plastique noir posé sur son porte-bagages, un pistolet à joint, une perceuse ; vient à chaque fois que quelqu ?un s’installe ici, demander par où ils sont passés ; on est partis d’Angers, lui est allé à un mariage aux Ponts-de-Cé il y a peu ; à§a tient à peu qu’une conversation embraye ; pas de problème à rester là et que si on a besoin de quoi que ce soit ; et si l’orage comme la nuit dernière, sortira son camion du garage et qu’on vienne y dormir ; lui aussi va partir, pour le week-end du 14 juillet ; en bateau, d’ici à Redon par le canal de Nantes à Brest

un autre gars qui s’amène, lui aussi en pantalon de bleu ; barbu cheveux mi longs, tout timide embarrassé ; il habite à cà´té, au petit portillon vert, et que si on a besoin d’eau, qu’on se serve, au portillon vert, juste après sur la droite ; loin du flip ambiant u’on nous vend à grands moyens (un flip pour gens d’entre murs)

penser à Rouaud, le début des Champs d’honneur, la bruine qui s’amène avec le vent d’Ouest, remonte l’estuaire et au texte écrit pour les vases communicants de juin ; comme brume qui s’installe et s’égoutte fine, puis disparaît balayée d’un coup de vent ; protégés par le feuillage des arbres
beaucoup roulé, réconfort d’un coup de rouge

de nouveau le gars au bateau, avec son chien cette fois ; promenade de la bàªte ; que si on veut venir on peut ; y aller avec les deux gosses ; a envie de causer de son coin, là qu’il est né il y a 55 ans ; longé le fleuve qui est en contrebas, des osiers qui poussaient là auparavant, du jaune qu’est bon pour les paniers ; tous arrachés par le nouveau maire ; terrain de bordure de Loire entretenu par les riverains, collectivement (màªme si la bande de terrain appartient à la compagnie qui gère l’estuaire, port de Nantes) ; fini tout à§a, des saules bons à rien sinon à boucher la vue, plus le fleuve depuis les fenàªtres et la décote que à§a représente pour les maisons ; et le bord de Loire remblayé de trois mètres, et tout à§a que plus personne entretient sinon la commune deux foi l’an ; triste

il sait le bateau qu’on a vu passer tout à l’heure, rouge, et pousser coup de sirène ; l’impression qu’il avanà§ait parmi les arbres (effet du remblai, le fleuve en bas), cheminées qui passent ; un sablier qui va s’approvisionner du cà´té de Noirmoutier ; qu’avec le jeu des courants ils vont voir ce que à§a va donner de creuser comme à§a ; pas pour longtemps la plus belle d’Europe leur plage de La Baule ; mais que à§a sera pas grave il est d’accord, vu ceux que à§a concerne ; pas notre affaire

mécanicien, ateliers de mécanique, les moteurs de char qu’on a construit dans le coin, ceux du Charles de Gaulle qu’est tout le temps en panne et que c’est une pitié de voir à§a quand on sait le prix que à§a a coà »té ; bossé aussi sur des lessiveuses à légumes pour les maraîchers ; mécanique générale, quoi ; problèmes de dos, opération, reconversion dans l’entretien d’espaces verts ; passer la tondeuse, quoi ; et que à§a aussi on sent que à§a pèse

la maison là , celle avec le chien assis, une maison de pilote ; toujours plus grande que les autres les maisons de pilote, gagnaient bien ; s’embarquaient sur les bateaux qui remontaient l’estuaire, connaissaient les passes
de la couleur maintenant sur les faà§ades des maisons, et à§a c’est bien ; tout gris avant ; on n’osait pas ; et c’était triste ; comme quoi, du mieux aussi des fois

élevé dans un monde de pàªcheurs, amateurs dans sa famille, mais des sérieux, et plein de pàªcheurs professionnels quand il était gamin ; le dernier saumon qu’il a pàªché, si on peut appeler à§a pàªcher ; "dans un mètre dix d’eau, la pauvre bàªte" ; et les civelles, les mulets et les anguilles ; en 75 qu’il la situe la grande bascule comme je lui dis, d’après la date de la mort de son oncle, Saint Pierre qu’il l’a rappelé pour d’autres activités ; des bateaux de pàªcheurs professionnels partout avant ici, plus rien maintenant ; lui s’est mis à la plaisance, mieux que rien, et puis rester en contact avec l’eau

nous montre son bateau, le chien qui grimpe dessus, à§a fait rire les gamins ; enchaîne sur les berges qui s’effondrent parce que plus d’entretien, les racines des plantes, màªme les feux pour guider, tout creux en dessous, par les filins qu’ils tiennent seulement

revenir doucement vers les tentes, qu’il aime bien raconter l’histoire de son coin
des anciens qu’il a tout appris, par à§a qu’il conclura, après avoir rappelé son petit nom pendant qu’on se serrait la pogne ; lui c’est Jojo

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