Michel Brosseau | à chat perché

bureau capitonné de volumes reliés cuir... lampes de chevet pour éclairer... tapis épais... rideaux tissu lourd... bureau large... bois sombre... fauteuils... clous de tapissier dorés... velours rouge...vous quatre assis en ligne... panégyrique du défunt... avait su prendre ses dispositions... simples formalités... s ?empare d ?un dossier... sept ou huit en pile... le pose... sous-main vert aux coins cuir... entame la lecture... litanie des présentations... nom prénom date et lieu de naissance profession adresse situation matrimoniale... dire que oui... tout exact... et te sentir comme pris au piège... dégoà »t d ?àªtre réduit à si peu... enseignant, célibataire, résidant... tourne lent les pages... un coin doré les tient ensemble... quel nom pour à§a ?... puis se lance dans la lecture de l ?acte... ta mère qui hoche la tàªte tout le long qu ?il débite... poignet de la chemise qui dépasse de la veste... bouton de manchettes... t ?étais souvenu de ceux de ton père... quand gamin tu ouvrais le tiroir de l ?armoire... assuré que personne ne viendrait... petite boîte carrée... carton gris... autocollant doré avec le nom du bijoutier... paire achetée pour se marier... combien de fois portés ?... chaque fois qu ?un mariage... un enterrement... qu ?un peu de raccroc à la vie des autres... tu ne l ?écoutais plus l ?autre en face... ni son flot jargonneux ni ses explications... lecture lente... appliquée et sentencieuse... s ?était arràªté combien de fois pour vous demander si vous aviez compris ?... pour vous expliquer plus simplement... ne plus savoir quoi faire de tes mains... chaque fois pareil... les entretiens d ?inspection idem... mais là au moins une table... un stylo une feuille où écrire... tandis que là ... à croiser les bars les décroiser... poser tes mains à plat sur tes cuisses... les passer dans tes cheveux... une seule envie : qu ?on en finisse et vite !... enfin pouvoir quitter ce bureau...