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notes de chevet

notes de chevet | notes #1

Puis tentez, comme si vous étiez le premier homme, de dire ce que vous voyez, ce que vous vivez, ce que vous aimez, et ce que vous perdez. N’écrivez pas de poèmes d’amour ; fuyez pour commencer les formes qui sont trop courantes, trop ordinaires : ce sont les plus difficiles, car il faut une grande force, parvenue à maturité, pour donner quelque chose qui vous soit propre, là où sont installées en foule de bonnes et parfois brillantes traditions. Aussi, réfugiez-vous, loin des motifs généraux, auprès de ce que vous offre votre propre quotidien ; peignez vos tristesses et vos désirs, les pensées fugitives et la foi en quelque beauté — peignez tout cela avec une ardente, silencieuse, humble sincérité, et servez-vous, pour vous exprimer, des choses qui vous entourent, des images de vos rêves, et des objets de votre souvenir. Si votre quotidien vous paraît pauvre, ne l’accusez pas ; accusez-vous vous-même, dites-vous que vous n’êtes pas assez poète pour en évoquer les richesses ; car pour celui qui crée, il n’y a pas de pauvreté, ni de lieu pauvre, indifférent.
Rilke, Lettres à un jeune poète, 17 février 1903.

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