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traversée Balzac

Une double famille

Démarrage par le passé d’une rue (du Tourniquet) et explication de son nom. à‰vocation d’un Paris disparu (avec La Curée de Zola, écriture des strates d’une transformation). De la rencontre paradoxale de la précision et du disparu, où comment créer l’espace de la fiction : « précisément à l’angle d’un vieux mur maintenant abattu »

Sans regret de la ville passée, mais un goà »t de l’insolite, de la trace
Presque toutes les rues de l’ancien Paris, dont les chroniques ont tant vanté la splendeur, ressemblaient à ce dédale humide et sombre où les antiquaires peuvent encore admirer quelques singularités historiques.

Du regard, depuis la rue, dans les intérieurs :
Si pendant la journée quelque passant curieux jetait les yeux sur les deux chambres qui composaient cet appartement, il lui était impossible d’y rien voir (...) mais le soir, vers les trois heures, une fois la chandelle allumée, on pouvait apercevoir, à travers la fenàªtre de la première pièce

Une vieille femme à l’image de sa maison :
Le visage pà¢le et ridé de la vieille femme était en harmonie avec l’obscurité de la rue et la rouille de la maison.

Où la fenàªtre cadre, comme pour un tableau ; il y aurait à écrire sur les fenàªtres de Balzac :
Ces plantes presque étiolées produisaient de pà¢les fleurs, harmonie de plus qui màªlait je ne sais quoi de triste et de doux dans le tableau présenté par cette croisée, dont la baie encadrait bien ces deux figures.

Et les jeux de clair-obscur :
la tàªte lutine de Caroline Crochard se détachait si brillamment sur le fond obscur de sa chambre, et se montrait si fraîche au milieu des fleurs tardives et des feuillages flétris entrelacés autour des barreaux de la fenàªtre

Découvre ici [1] ceci à propos de la fenàªtre chez Balzac :
La fréquence extraordinaire de l’image défie d’ailleurs toute tentative de synthèse : le précieux index du Vocabulaire de Balzac, établi par Kazuo Kiriu et consultable sur le site de la maison de Balzac, indique, dans La Comédie humaine, environ huit cents occurrences pour le mot « fenàªtre » (au singulier ou au pluriel), et trois cent cinquante pour « croisée » (que Balzac tient pour synonyme), sans compter toutes les fois où la fenàªtre est implicitement indiquée par la vitre, le rideau ou l’embrasure...

De vivre dans une grande ville :
cette méfiance atroce qui séparent tous les habitants réunis dans les murs d’une nombreuse cité

Habiter (et où il est de nouveau question d’harmonie...) :
Pour retrouver Caroline et Roger, il est nécessaire de se transporter au milieu du Paris moderne, où il existe, dans les maisons nouvellement bà¢ties, de ces appartements qui semblent faits exprès pour que de nouveaux mariés y passent leur lune de miel : les peintures et les papiers y sont jeunes comme les époux, et la décoration en est dans sa fleur comme leur amour ; tout y est en harmonie avec de jeunes idées, avec de bouillants désirs.
(... ou de discordance) :
L’Avocat Général désirait habiter un hà´tel de la Chaussée-d’Antin où tout est jeune et vivant, où le smodes apparaissent dans leur nouveauté, où la population des boulevards est élégante, d’où il y a moins de chemin à faire pour gagner les spectacles et rencontrer des distractions ; mais il fut obligé de céder aux patelineries d’une jeune femme qui réclamait une première grà¢ce, et pour lui complaire il s’enterra dans le Marais.

Où de nouveau tout tient au nom qu’on porte...
Mais, dis-moi, mon Roger, je voudrais m’appeler Caroline de Bellefeuille, le puis-je ? tu dois le savoir : est-ce légal ou toléré ? Il fit une petite moue d’affirmation qui lui était suggérée par sa haine pour le nom de Crochard (...) Ordinairement une fille renonce à son nom et prend celui de son mari...

... ou que l’on apprend :
Caroline, lui cria péniblement la vieille comparse par un dernier effort, le pràªtre m’a arraché le nom de ton bienfaiteur

Toujours ces coups de sabots dans la nuit :
Quelques coups de pied frappés de temps en temps par les chevaux du Grand Juge que le jeune homme venait de laisser à la bouillotte de Cambacérès retentissaient dans la cour de l’hà´tel à peine éclairée par les lanternes de la voiture.

Notes

[1Andrea Del Dungo, La fenàªtre. Sémiologie et histoire de la représentation littéraire, éditions du Seuil.

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