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au fil des jours

lentement m’extraire

sécurité écrit sur son dos, lettres blanches sur le tissu noir du blouson, matière synthétique ; le gars boit un café, son voisin, verre de rosé entamé s’adresse à lui, pendant dix ans il a fait de la sécurité lui aussi, et d’évoquer les jours de neige où personne ne fait les rondes, passer juste avant l’ouverture, mais ne pas rouler la nuit sur la neige, l’autre de confirmer que tout le monde fait ça, d’ajouter que lui ça fait huit ans qu’il travaille dans la sécurité, le buveur de rosé de constater que ça passe vite, le gars au blouson noir de confirmer (et moi de constater les bosses de sa nuque sous ses cheveux ras) ; sur l’écran, un jeune black prend des poses de rappeur devant une blonde décolletée qui s’agite, seules les basses me parviennent, et l’aiguë d’une voix féminine passée par je ne sais quel filtre ; une femme rousse qui en arrivant a répondu au serveur que ça allait comme un lundi explique à la serveuse qu’il ne fait pas froid, qu’elle ressent le froid parce qu’elle a la gueule dans le cul ; un nouveau buveur de rosé d’expliquer qu’il n’a pas froid, que le matin il se lève à cinq heures, sort fumer une cigarette, et va regarder quelle température il fait au cabanon du fond, six ce matin, plutôt bien ; il explique qu’il a ses fleurs dans son cabanon, qu’il relève la température pour savoir s’il doit ou non mettre un coup de chauffe, des lauriers-fleurs là dedans, jusqu’à moins deux ça va, mais moins cinq ils supporteraient pas ; peut-être ça que j’ai longtemps recherché dans les bars, sans parvenir à trouver les mots qui convenaient, sans parvenir à comprendre : retrouver une entropie qui m’était si familière (à ce jour, passé à peu près autant de temps en territoire d’entropie et à tenter de m’en extraire).
extraire ce qu’on vit, comme ailleurs ce qu’on lit (ça pourrait être ça écrire au fil des jours)

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