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fictions

ta fin du monde

ta fin du monde n’aurait rien de bruyant ou d’effrayant, ni pans de murs qui s’écroulent ou lézardes qui grandissent au sol, ta fin du monde n’aurait rien d’une foule qui court désordonnée à travers rues, tout à sa bousculade et piétinement, ta fin du monde n’aurait rien de cris d’horreur, d’angoisse, de terreur, ta fin du monde ne convoquerait ni monstres ni météorites, ta fin du monde ignorerait le soleil et ses frasques, ta fin du monde se ferait sans l’emphase des sentences, prédictions abominables et invites au désespoir, ta fin du monde serait renouvelable à l’infini si pouvoir appeler ainsi le laps de temps qui d’ici à ce que le monde continue sans toi, ta fin du monde serait mobile et variable en intensité, ta fin du monde ressemblerait davantage aux albums à colorier de l’enfance, couleurs qui débordent par dessus des traits trop nets, lutte incessante de la couleur et du contour et sans qu’aucune proportionnalité semble pouvoir àªtre établie entre ton application et la maladresse du geste, ta fin du monde ressemblerait davantage aux notes du piano qui s’arràªte dans la pièce à cà´té, le suspens d’un morceau qu’il faut encore travailler, ta fin du monde serait dénouement d’un livre aux histoires trop nombreuses, tissu trop serré d’entrecroisements et béance de l’inachevé, ta fin du monde ressemblerait à l ?œil qui se pose sur les signes, en accepte labyrinthe et portée, en goà »te l’ivresse renouvelée jusqu’à ne plus savoir ce qui au juste s’y passe, d’avaler le monde, apprendre à le lire ou l’effacer

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