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micro-fictions

code barre

C’est en rangeant après sa mort que j’ai fait la découverte : des dizaines de disques durs externes dans un coin de son bureau. Il était décédé brutalement, sans avoir laissé aucune instruction. Et comme l’essentiel de sa démarche passait par l’outil numérique, difficile de ne pas jeter un œil. J’ai d’abord cru à un journal, puisqu’à chaque titre de dossier correspondait un mois. J’en ai ouvert quelques-uns au hasard, pour découvrir des fichiers chaque fois intitulés selon le numéro de la semaine. Et dans ces fichiers, rien d’autre que des codes barres qu’il avait scannés. D’accord, il avait toujours été un peu original, mais là . J’ai ramené les disques chez moi, sans plus jamais m’en occuper. Ce n’est que la semaine dernière que s’est fait le déclic, en visitant une expo à Londres. Le gars s’appelle Ryoji Ikeda, un Japonais :

En rentrant, j’ai épluché ses disques. Et j’ai fini par trouver. D’abord un fichier qui n’était rien d’autre qu’une note d’intention. Puis un autre où il avait commencé à écrire du code. Sa démarche était différente d’Ikeda. Si j’ai bien, compris, il ne s’agissait pas pour lui de dire le monde sous forme de codes barres. Mais, s’il en avait eu le temps, (je reprends ses mots) de faire œuvre du quotidien. Une de ses obsessions. De transformer le code anonyme en chant sonore et visuel. D’écrire une autobiographie des objets consommés. De faire du beau avec le rien de nos vies.

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