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au fil des jours

Je ne sais pas le lieu de ma colère.

Je ne sais pas le lieu de ma colère. Là où elle s’ancre. Où elle pourrait éclater, prendre forme. Informe, ma colère est une nappe. Une marée noire. Stagne dans son maillage serré. Ma colère est poids qui renonce à jaillir. Ma colère ne s’use pas avec le temps, elle ne fait que s’enfoncer davantage. Ma colère que j’imagine comme une impasse. J’ai appris à l’imaginer ainsi. Comme tout ce qui a trait à la violence. Elle ne peut être que rentrée. Ou délirante de ce qui entraîne au gouffre. Ma colère, parce qu’honteuse, va à sa représentation. Ma colère s’épuise de trop d’objets, de cette liste imprécise mais qui semble sans fin. Ma colère se nourrit des mots qui me manquent, des idées qui s’emboîtent mal. Ma colère enfle d’abstractions vaines. Ma colère court dans des rues vides. Ma colère semble tellement vaine entre les quatre murs de ce bureau. Ma colère s’y heurte. Ma colère y cogne. Ma colère est muette, et je me demande si elle est tout ce que j’ai à ma disposition pour rester debout.

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