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notes de chevet

entendre le piano dans la pièce à côté

être accompagné dans ses journées par un piano, tout proche du bureau où travailler, suivre le lent apprentissage d’un morceau, main droite, main gauche, mains ensemble, interprétation, inconsciemment mémoriser quelques phrasés, mais aussi s’imprégner, porter ce qu’il serait possible d’appeler l’atmosphère de l ?œuvre à l’étude, et constater aussi le passage du temps, le fil des jours, par les progrès effectués, comprendre que parfois le temps s’arrête, qu’il faut insister, creuser, peut-être s’abîmer en un point unique, réapprendre à lire pour enfin que ça passe, puis que ça tienne, enfin que ça sonne — peut-être ça aussi qui retient mon attention, cette métaphore de qu’est l’écriture, en lisant en écrivant passage d’un texte à un autre, autre offert, deviné, à venir et modeler, et que même si un fragment s’offre et sonne, cette certitude qu’il appelle tout le reste —, le silence dans la maison quand ni l’une ni l’autre n’êtes là , travaillant chacune à votre tour, la mère et la fille, et convoquer le souvenir de ma mère, combien de fois répété cette attirance pour le piano, qu’accès impossible, le piano dans le salon chez une cousine qui habitait en ville mais n’avait fait l’effort, savoir y pianoter "j’ai du bon tabac", et regret éternel, et tout ce qui derrière est à deviner, ce mélange de regret et renoncement, laisser resurgir le piano d’un autre salon, mes cousins cette fois, piano droit toujours fermé et ne jamais l’entendre joué sinon quelque exhibition enfantine, et le vieux piano désaccordé dans leur garage, bouffé par les vers, sur celui-ci j’ai joué, enfin en ai essayé les touches — ça aussi, un instrument approché et qui à jamais demeuré étranger, socialement trop marqué pour l’adopter, en rien excavateur

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