// Vous lisez...

au fil des jours

c’est pas facile à dire tout ce qu’on pense


il faut chanter ce qu’on aime, coûte que coûte

4/11/14 c’est pas facile à dire tout ce qu’on pense, le piège qu’est devenu le monde, le chaos des mots qui t’engloutissent, les départs en fanfare que tu devines de peu de foi, l’espoir du neuf noyé sous les strates — trop de couches sous tes pieds, et jusqu’à l’intérieur de ton corps, au dedans de ton esprit
c’est pas facile à dire tout ce qu’on pense, pas même sûr de le penser, à le formuler tu reconnais la chanson, c’est d’autres bouches, d’autres envies, d’autres destins – te voilà réduit à si peu que tu préfères te taire
c’est pas facile à dire tout ce qu’on pense, on t’a tellement répété l’usure des mots que tu as presque fini par y croire, aspiré à t’en débarrasser, te gargariser du radical – ça n’était pourtant qu’un mot lui aussi
c’est pas facile à dire tout ce qu’on pense, quand tous ces horizons un à un déclarés morts
c’est pas facile à dire tout ce qu’on pense, il faudrait saisir, mais c’est être assailli que garder les yeux ouverts

5/11/14 c’est pas facile à dire tout ce qu’on pense, c’est si long face à face, et supporter les silences – alors que toujours la tentation du cri
c’est pas facile à dire tout ce qu’on pense, mains tendues, bienveillantes, apprivoiser ces cris, en éclater la gangue
c’est pas facile à dire tout ce qu’on pense, quand pétri de silences et d’ellipses

15/11/14 c’est pas facile à dire tout ce qu’on pense, mais l’affiche des sergents recruteurs, s’engager, pour soi et pour les autres, le corps d’un gars qui cogne sur un sac pour s’entraîner à la boxe, ou celle qui promet qu’un flingue à la main on en apprend sur soi-même
c’est pas facile à dire tout ce qu’on pense, mais la guerre
c’est pas facile à dire tout ce qu’on pense, ce monde qu’on sait pourri depuis si longtemps, et qui tient encore — c’est l’histoire d’une famille sous le second Empire
c’est pas facile à dire tout ce qu’on pense, mais les hochets qu’on agite, les bouffons à grelots — et la nausée qui t’accompagne
c’est pas facile à dire tout ce qu’on pense, ce n’est peut-être plus de liberté de paroles qu’il s’agit, mais de précision à trouver
c’est pas facile à dire tout ce qu’on pense, tellement de bouches pour commenter, si peu de bras pour faire choir
c’est pas facile à dire tout ce qu’on pense, à´ sainte gangrène de la peur

23/11/14 c’est pas facile à dire tout ce qu’on pense, à force de regarder le monde, tu finirais par plus pouvoir y vivre,
c’est pas facile à dire tout ce qu’on pense, mais à force de te taire c’est vivre tout court qui devient impossible
c’est pas facile à dire tout ce qu’on pense, tu sais nécessaire de renouveler ton passeport
c’est pas facile à dire tout ce qu’on pense, aller où tu n’en sais rien, juste un peu plus loin de la haine
c’est pas facile à dire tout ce qu’on pense, cette dame à la radio expliquant qu’elle a planqué son pactole en Suisse parce qu’elle considère l’ISF profondément injuste, qu’elle a enfreint la loi parce que sa conscience le lui commandait
c’est pas facile à dire tout ce qu’on pense, et portant tu sais d’où vient la violence, et qui ronge le contrat, sabote tout l’édifice
c’est pas facile à dire tout ce qu’on pense, quand le bruit des stades recouvre tout, et pas que la poésie
c’est pas facile à dire tout ce qu’on pense, quand tellement de paroles s’étalent qu’à les traquer tu t’épuises et sombres au silence

30/11/14
c’est pas facile à dire tout ce qu’on pense, tu ne crois plus aux imprécations, aux prophéties d’apocalypse, tu n’y vois plus que gesticulations
c’est pas facile à dire tout ce qu’on pense, trop de mots pour rien, parce qu’éructés, c’est de temps et de silence que tu as besoin
c’est pas facile à dire tout ce qu’on pense, mais tu sais qui avait fascination pour les décombres, rien là qui rassure
c’est pas facile à dire tout ce qu’on pense, ce fragment de chanson qui ne quitte pas — when you ain’t got nothin’, you got nothin’ to lose
c’est pas facile à dire tout ce qu’on pense, il ne serait pas si long à établir l’inventaire de ce quoi abandonner
c’est pas facile à dire tout ce qu’on pense, reste à méditer le cafard de l’autoroute — tous ces départs accumulés sans une rupture — pas même une fuite
c’est pas facile à dire tout ce qu’on pense, du temps, du silence, et vouloir croire que la main qui inflige la blessure est encore celle qui la guérit

12/12/14
c’est pas facile à dire tout ce qu’on pense, parce que tu es las, qu’ainsi tout recommence, ou s’effondre si lentement
c’est pas facile à dire tout ce qu’on pense, tu protèges tes mains du sang, rien d’autre
c’est pas facile à dire tout ce qu’on pense, il ne te reste que l’à côté
c’est pas facile à dire tout ce qu’on pense, ce flux permanent qui ne noie même pas, qu’il englue
c’est pas facile à dire tout ce qu’on pense, trop peu de mots en partage
c’est pas facile à dire tout ce qu’on pense, cerner d’abord quelle part en toi travaille le futile
c’est pas facile à dire tout ce qu’on pense, tu voudrais trembler pour d’autres forces
c’est pas facile à dire tout ce qu’on pense, quand c’est chanter qu’il faudrait

22/12/14
c’est pas facile à dire tout ce qu’on pense, quand la fatigue est plus forte, et que rien sinon dormir
c’est pas facile à dire tout ce qu’on pense, pris à des riens — l’emprise dont c’est capable
c’est pas facile à dire tout ce qu’on pense, quand les jours sont courts et que besoin d’autre chose que de mots
c’est pas facile à dire tout ce qu’on pense, cette impression de vide que à§a peut être, tout morfondu au silence
c’est pas facile à dire tout ce qu’on pense, mais l’éclaircie sous ton crâne — c’est la nuit qui te l’a donnée
c’est pas facile à dire tout ce qu’on pense, mais sentir cette présence qui demande à prendre mots
c’est pas facile à dire tout ce qu’on pense, ta vie n’aura été qu’un à peu près

08/01/15
c’est pas facile à dire tout ce qu’on pense, mais quand la bouche à feu mâche le silence
c’est pas facile à dire tout ce qu’on pense, toujours tu te méfieras des chorales
c’est pas facile à dire tout ce qu’on pense, se rencogner dans l’hiver, pas même attendre
c’est pas facile à dire tout ce qu’on pense, ne resterait plus que danser avec les morts

19/01/15
c’est pas facile à dire tout ce qu’on pense, mais quand, en même temps que lire, on t’apprend la peur de ne pas comprendre
c’est pas facile à dire tout ce qu’on pense, mais ces deux antiennes — qui s’en souvient ? — du logiciel et de la pédagogie
c’est pas facile à dire tout ce qu’on pense, mais tant qu’on a le choix ! mécanique sociale ou masse infantile
c’est pas facile à dire tout ce qu’on pense, entre nécessité de continuer debout et préférer ne pas

27/01/15
c’est pas facile à dire tout ce qu’on pense, trop souvent pris aux mots des autres — trop de pièges et de barbelés là -dedans
c’est pas facile à dire tout ce qu’on pense, qu’on te foute la paix et laisse le temps de réfléchir
c’est pas facile à dire tout ce qu’on pense, tourner autour de chacun sept fois, et repartir sans avoir ouvert la bouche
c’est pas facile à dire tout ce qu’on pense, quand trop de surprise n’engendre que peur, et agressivité
c’est pas facile à dire tout ce qu’on pense, prendre le temps de recenser, classer, dire il sera toujours temps
c ?est pas facile à dire tout ce qu’on pense, écholalies en abondance

02/02/15
c’est pas facile à dire tout ce qu’on pense, tu guettes les signes, et trembles d’avoir compris
c’est pas facile à dire tout ce qu’on pense, savoir ce qui de soi ou du monde
c’est pas facile à dire tout ce qu’on pense, parce que ce glissement d’attente en délitement
c’est pas facile à dire tout ce qu’on pense, cette impression de rabâcher, d’articuler du vide
c’est pas facile à dire tout ce qu’on pense, tu pourrais écrire trop d’anomie dans ton corps, trop d’aporie sur ta langue et puis secouer : ce ne serait que poussière

17/02/15
c’est pas facile à dire tout ce qu’on pense, mais la chanson du désastre passée en boucle
c’est pas facile à dire tout ce qu’on pense, tous ces mots déversés — et réduire ton crà¢ne de spectateur
c’est pas facile à dire tout ce qu’on pense, quand il faudrait brà »ler les horloges — c’est de désir et d’aube dont tu as besoin
c’est pas facile à dire tout ce qu’on pense, tellement de mots à reconstruire
c’est pas facile à dire tout ce qu’on pense, mais faire que tes lèvres soient dignes, et chaque centimètre de ta peau

01/07/15
c’est pas facile à dire tout ce qu’on pense, quand le monde à l’image de ta vie, déchiré, éclaté, fragmenté
c’est pas facile à dire tout ce qu’on pense, mais ne plus écouter la radio le matin, trop de discours enjoué, d’insolence surjouée — réalité déjouée
c’est pas facile à dire tout ce qu’on pense, dans les entrailles de quelle bàªte on voudrait nous faire lire l’avenir
c’est pas facile à dire tout ce qu’on pense, trop appris à demeurer silencieux le temps de l’agonie

29/11/15
c’est pas facile à dire tout ce qu’on pense, quand autour les drapeaux trois couleurs collés aux vitrines et aux fenàªtres
c’est pas facile à dire tout ce qu’on pense, quand toute nuance abolie
c’est pas facile à dire tout ce qu’on pense, quand regarder en arrière ce serait prétendument trahir
c’est pas facile à dire tout ce qu’on pense, en faire quoi des rhétoriques du pràªche et de la guerre ?
c’est pas facile à dire tout ce qu’on pense, quand les mots s’effritent un peu plus c’est pas facile à dire tout ce qu’on pense, voilà que plane le souvenir de Bérenger — jusqu’au bout

17/01/16
c’est pas facile à dire tout ce qu’on pense, de la violence autour, celle des armes, celle des mots
c’est pas facile à dire tout ce qu’on pense, entre refus du silence et l’involontaire sourire intérieur, à regarder danser les mots, s’agencer fragiles — tu as peur d’avoir renoncé
c’est pas facile à dire tout ce qu’on pense, quand l’impression que moins qu’à un écroulement, c’est à un dévoilement du monde que tu assistes
c’est pas facile à dire tout ce qu’on pense, ton corps avait fini par prendre ses aises dans ce théâtre d’ombres
c’est pas facile à dire tout ce qu’on pense, ce monde tu ne l’as jamais aimé, mais on t’y laissait libre de t’ébrouer — les distances telles que tu ne risquais d’importuner personne
c’est pas facile de dire tout ce qu’on pense, quand on se méfie de tout, et même des métaphores — surtout ?

9/11/16
c’est pas facile à dire tout ce qu’on pense, quand sous le glacis tu sais quel délitement
c’est pas facile à dire tout ce qu’on pense, quand entendre fin d’un ordre ancien, et comprendre que c’est d’ordre nouveau qu’on te parle
c’est pas facile à dire tout ce qu’on pense, quand tu regardes tes mains vides — et ressasses ton impuissance
c’est pas facile à dire tout ce qu’on pense, quand l’envie de fuir — mais dans quel repli du monde te cacher ?

Commentaires

Pas de Message - Forum fermé