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rentrée littéraire

Louis Caradec | Obsolescence de mon père

Autant le dire tout de go : le dernier Caradec est un excellent cru. On retrouve avec un plaisir certain les territoires qu ?il avait su si finement explorer dans ses précédents romans, ceux d ?une enfance passée loin de la métropole, dans ce temps tout à la fois d ?incertitude et de lassante euphorie qu ?a été l ?après-guerre. Paysagiste de talent, il nous entraîne dans une vaste ronde, nous faisant passer, au gré des postes d ?ambassade occupés par le père de Jacques, le personnage principal, des steppes du Kirghizstan oriental, immenses étendues où naquit dans l ?à¢me de plus d ?un voyageur le sens de l ?infini, aux montagnes andines, monstre volcanique dont personne ne serait étonné qu ?il se mette soudain à rugir, laissant enfin exploser toute sa violence si longtemps contenue, en passant par les foràªts primaires de l ?Afrique, ce berceau de l ?humanité si cruel avec les enfants qu ?on lui avait confiés.

Largement autobiographique, Obsolescence de mon père analyse avec finesse, et non sans une tendre ironie, les relations complexes qui unissent Robert Plantain, haute figure de la Résistance ayant intégré la carrière diplomatique, à son fils Jacques, plus doué pour le ràªve que pour la vie, cette marà¢tre dont on ne savait jamais trop avec quelle intention elle vous tendait les bras. Le père, que la disparition brutale de son épouse a plongé dans une douleur sans fond, s ?éloigne chaque jour un peu plus de ce fils dont les traits lui rappelaient si brutalement celle qu ?il avait aimée comme jamais auparavant il n ?aurait cru que cela fà »t possible. Jacques, adolescent irascible et solitaire, se réfugie dans la fréquentation des grands de la littérature – cet admirable terreau où il fait toujours si bon se réfugier pour ceux dont les racines ont été brutalement arrachées – pendant que Robert s ?enfonce inexorablement dans le deuil et l ?alcool : voir ainsi sombrer celui qu ?il appelait son père provoqua chez lui une véritable transsubstantiation du regard qu ?il portait sur le monde.

Louis Caradec, en quelques 532 pages, nous offre le superbe récit d ?une enfance où chaque journée s ?achevait sans que jamais il ne fà »t possible de deviner, màªme approximativement, ce que serait le charivari enchanteur ou le tumulte tragique d ?un lendemain qui ne manquerait pas d ?entonner sa mélopée aventureuse. à€ ne manquer sous aucun prétexte…

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